EXTRAIt
François Terrasson, « la peur de la nature »
Il écrit :
(…) La nature, c’est ce qui existe en dehors de toute action de la part de l’homme.
La vraie nature, c’est ce qui ne dépend pas de notre volonté… un état « naturel » qui ne nous doit rien…
Il ne viendrait à l’idée de personne de contester le label de « nature sauvage » aux Taïgas, aux jungles, ou aux enfers verts d’Amazonie.
Et pourquoi ?! Parce qu’ils marchent sans nous, que notre volonté n’y est pour rien, ils sont naturellement « naturels » !
Et vraiment « sauvages » !
(…) Autrefois, on arrivait dans la nature progressivement, presque sans le savoir…
On quittait la route.
On longeait les lisières sombres par des chemins remplis d’herbes, les friches commençaient derrière une épaisse haie d’aubépines, …
Il fallait compter avec les ronces, les racines, les branches basses, les épines d’acacia !
Attention aux piqûres d’insecte et aux serpents !
Attentions ! aux araignées, aux mille-pattes,
aux « je-ne-sais-quoi » qui vous tombent sournoisement dans les cheveux, vous grimpent aux guiboles, vous sucent, vous mordent de toute la puissance de leurs mandibules !
(…) Aujourd’hui, la nature est rangée, balisée, organisé… La ballade est sécurisée et signalisée.
Et partout, de magnifiques panneaux vous accueillent :
« Amis de la forêt, vous entrez dans une réserve naturelle, admirez ceci, admirez cela, touchez pas, mangez pas, à 100 m. vous trouverez la table d’orientation ! »
Peu à peu, le marcheur d’aujourd’hui est devenu un consommateur de nature.